Ce qu'on ne vous a pas dit sur la Réforme des Retraites

Alexandre Dabin

20 juillet, 2023

La bataille politique concernant le projet de réforme des retraites touche à sa fin : le passage à 64 ans et l’allongement de la durée de cotisation sont désormais entérinés.

La question des 65 ans risque de revenir dans une future mandature et le passage à 68 ans pour le taux plein n’est pas à exclure dans les prochaines années. Pour l’heure, il y aura sans doute encore quelques escarmouches, mais, comme l’a reconnu la CFDT, « la messe est dite ». Techniquement, même sur une réforme toute neuve, il reste encore beaucoup de choses à régler. De nombreux décrets d’application doivent être publiés.

Un besoin d’explication

Des détails, notamment, sur le cumul emploi-retraite – sujet encore assez mal connu et devenu plus important avec l’allongement de l’âge de passage à la retraite – doivent être précisés. Or, ils déterminent des décisions aussi primordiales que le rachat de trimestres : combien et à quel prix ? Autre sujet à trancher : le délai de carence. On imagine mal quelqu’un partir en retraite, y rester six mois, pour ensuite reprendre un emploi afin d’activer le cumul. Il en va de même pour les liquidations à taux moindre dans le cadre de cette réforme. Ou de la formule du bonus-malus : va-t-elle disparaître, être maintenue, être aménagée ?...

De nombreux points restent manifestement en suspens. La décision politique ne suffit pas. Les décisions techniques pour mettre en œuvre une telle réforme importent tout autant. Nous parlons là de situations réelles touchant de « vrais » gens, de femmes et d’hommes qui ont besoin d’explications pour prendre des décisions dont vont découler niveau de revenus, train de vie et pouvoir d’achat pour les vingt ans ou plus à passer en retraite. Sans même évoquer des situations spécifiques, par exemple celles des femmes, pas vraiment mieux protégées avec la réforme et qui attendent des réponses, notamment sur le sujet de la surcote. Ou la juxtaposition des nouvelles contraintes du régime général avec celles de la retraite complémentaire Agirc-Arrco…

Des réponses à la carte

L’évolution en cours crée de la complexité et fait passer le système d’un ensemble à peu près clair pour une grande majorité de salariés à une véritable « usine à gaz » générant une multitude de cas particuliers. Nous passons d’un système de retraite relativement homogène à une myriade de situations hétérogènes, à une somme de cas différents nécessitant des réponses à la carte. Face à tout cela, les Français risquent de se retrouver démunis et d’avoir besoin d’aide pour s’y retrouver. A l’image de la déclaration de revenus dans des pays comme l’Allemagne ou les Etats-Unis, où les particuliers ont pris l’habitude de se faire assister afin de pouvoir remplir leurs documents. Une tâche aussi complexe qu’une exégèse du Talmud !

Peut-on compter sur les interlocuteurs des caisses de retraite pour s’y retrouver ? Pas sûr. Malgré toute leur bonne volonté, ils sont déjà écrasés de travail. Impossible pour eux d’assimiler rapidement tous les changements. Les bilans « retraite » étaient déjà remplis d’inexactitudes et d’erreurs, de 5 à 10 en moyenne par personne ! Un taux qui pourrait s’aggraver… Il va falloir batailler, parfois avec l’aide d’un responsable ad hoc, d’un médiateur et, dans le pire des cas, du défenseur des droits. Et ce, en se fondant sur les textes actualisés, pour avoir gain de cause et faire rétablir une situation juste, au bout de longs mois, sinon de plusieurs années. Le seul objectif, qui reste inchangé, est que chacun et chacune perçoive à sa retraite ce qui lui est dû. Disons-le franchement, c’est loin d’être acquis automatiquement !

(Source : Gestion de Fortune - Michel Lemosof - Marilyn Vilardebo, Orgiami & Co).

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